EVOLUTION DU CADRE INSTITUTIONNEL DE GESTION DES QUESTIONS DE POPULATION EN Côte d’IVOIRE
De 1960 à 1990, la Côte d’Ivoire n’avait pas développé de Politique de Population explicite. En effet, les problèmes liés à la croissance démographique de la Côte d’Ivoire n’étaient pas perçus comme une contrainte pesant sur son développement. Ce n’est qu’à partir de 1991 que le Gouvernement, à la faveur de la crise économique des années 1980 et des contraintes des programmes d´ajustement structurels, affirme la nécessité d’une Politique de Population et en dessine les grandes lignes dans le cadre d’un Programme National de Développement des Ressources Humaines. Six ans après (en mars 1997), une Politique Nationale de Population est adoptée par le Gouvernement. Pour sa mise en œuvre, un Organe consultatif, le Conseil National de Population (CONAPO), est créé. Il est doté d’un Secrétariat Technique permanent appelé Bureau National de la Population (BUNAP). Cette structure a fonctionné jusqu’en 2005. Et à partir de 2006, elle est transformée en une Direction Générale de la Population et du Renforcement des Capacités (DGPRC). Cependant, le Rapport d’évaluation produit en 2007 met en relief le déficit de coordination et la faible capacité de mobilisation de ressources pour soutenir la mise en œuvre des programmes et projets de population. En outre, ce rapport soulève les difficultés de ces structures à doter les Administrations Publiques Nationales et Locales y compris les Organisations Non Gouvernementales de capacités d’analyse et de prévision des phénomènes démographiques.
Le retour de la paix en Côte d’Ivoire consécutive à la fin de la décennie de crise, a créé les conditions de la reconstruction du pays et d’une reprise économique inclusive. Toutefois, le handicap que constitue une forte croissance démographique pour la satisfaction de la demande sociale et pour l’accélération de l’augmentation du revenu par tête d’habitant a été reconnu dans la première génération du Plan National de Développement (PND 2012-2015). Selon les résultats des différentes études, la forte croissance économique de la Côte d’Ivoire reste plombée par l’augmentation continue du nombre d’enfants et de jeunes de moins de 15 ans ; ce qui induit des taux de dépendance et des charges sociales encore élevés avec des possibilités d’épargne et d’investissement faibles. Il a aussi pour conséquence un indice de développement humain du pays qui reste peu élevé et classe notre pays dans le groupe des pays à développement humain faible. Cette évolution implique la nécessité de maîtriser la croissance démographique afin d’augmenter les possibilités d’une croissance économique continue et soutenue ; une croissance durable et inclusive qui puisse répondre aux besoins pressants d’une population jeune et en quête d’emplois.
Dans cette perspective, la prise en compte de la variable démographique apparaît comme essentielle puisque les études avancent que la Côte d’Ivoire peut capitaliser sur sa démographie et récolter les avantages d’un dividende démographique dans sa quête de l’émergence à l’horizon 2020.
Ainsi, la volonté du Gouvernement de renforcer le cadre institutionnel, juridique et opérationnel de gestion des questions de population afin de permettre à la Côte d’Ivoire de tirer pleinement profit du dividende démographique, a nécessité la création de l’Office National de la Population (ONP). La création de l’ONP est motivée par la volonté manifeste du Gouvernement d’intégrer beaucoup plus que par le passé, la dimension démographique dans l’ensemble des programmes de développement initiés par la Côte d’Ivoire afin d’arriver à la promotion d’un développement inclusif dans notre pays.